LE CONTEXTE GÉNÉRAL

NOUVELLE ORLEANS, XVIe SIECLE
Le vieux clocher t'impressionne toujours quand tu passes devant. Sa majestuosité se dresse si haut dans le ciel qu'à bien des égards, tu as l'impression que, de là haut, tu pourrais surveiller le Monde entier. La musique enivre chacun de tes sens, le vieux Jazz, le vrai. A quelques coins de rue, des mélomanes s'acharne à gagner leur vie en soufflant dans des trompettes, en grattant des guitares. La gorge sèche, tu les observes en souriant, tandis que tu te diriges d'un pas lent vers le bayou. Sur ta route, tu rencontres des lisières, des petites rivières et quelques étendues d'eau. C'est ça, la Nouvelle Orleans. Le savant mélange d'une nature en parfaite communion avec l'être humain. Tu souris à la vieille dame qui t'observe passer. Tu reconnais dans sa main une poupée mystique qui servira sans doute à une lanceuse de sort. Les légendes racontent tant de choses que parfois, tu t'y perds entre les fantasques et la réalité. Perdue dans la contemplation de ta Nouvelle Orleans, tu n'imagines pas que l'on puisse te vouloir du mal jusqu'à ce qu'une main agrippe ton épaule. Une exclamation de douleur qui déchire tes lèvres et tu es trainée sur la place centrale. Partout, la foule s'est rassemblée et la musique s'intensifie. Sans en connaître les raisons, tu devines l'enjeu de cette mascarade lorsqu'une vieille femme hurle à ton passage. Tu esquisses un léger sourire, car la Nouvelle Orleans n'est pas que le berceau de la musique, berceau de mythes et légendes. Non, la Nouvelle Orleans, ce sont tes terres, vos terres. Alors lorsqu'on t'attache à un poteau, tu ne peux t'empêcher de rire à gorge déployée. Les flammes lèchent tes mollets tandis que tu lances sur la foule un regard oblique. Vous ne vous débarrasserez pas de nous ainsi, pauvres manants. et la douleur qui grandit, les brûlures qui attaquent ta chair. Tu ris de plus belle tandis qu'on te regard, horrifié. Jamais vous ne vous débarrasserez de nous. et ton dernier cri se perd dans les vapeurs oniriques. Tu as vécu, tu es vaincue... sorcière.

NOUVELLE ORLEANS, XXIe SIECLE
Le vieux clocher n'existe plus. Du bout des doigts, tu caresses la roche en soupirant. Derniers vestiges d'un passé ponctué d'angoisse, de sacrifices et de légendes. Le visage de ta Nouvelle Orleans ne te plaît plus... au coin des rues, les musiciens ont disparu. Les lisières n'existent plus et les vieilles femmes qui, autrefois vendaient à l'emporter des figurines en tout genre, ont laissé place à de véritables commerces. L'Homme a souillé ta Nouvelle Orleans. Tu t'installes sur un banc. Les effluves de fêtes et de mysticismes ont disparu, au profit du tourisme et de la modernisation. Dans ta longue robe d'époque, tu détonnes avec la foule mais personne ne te pose de question. Ton air grave est loin d'être bucolique, ton air sérieux effraie tandis que tu portes à tes lèvres une feuille de tabac roulée. Tu souris en coin, maudissant les Hommes qui autrefois t'ont réduit au silence. Le temps est venu de reprendre notre dû. murmures-tu tandis que, du bout des doigts, tu fais apparaître la flamme qui allume ta cigarette en même temps que ta soif de vengeance...